2019-2021 / 8RPIMA
Colonel Pierre PROD'HOMME chef de corps
D’Hanoï à Fayolle, si les Hommes et le temps passent, l’esprit, lui, demeure. L’esprit guerrier, celui qui ne lâche jamais rien et ne considère jamais l’échec comme une option, est un principe chevillé au corps des Volontaires du « 8 » depuis toujours. Il se traduit par la recherche permanente de l’excellence et le culte de la mission. A bien y regarder, ces gueules de nos anciens d’Indochine n’ont rien à envier à celles des marsouins parachutistes et à leurs chefs d’aujourd’hui. On y distingue, au fond des yeux, le même feu qui brûle, le même éclat qui brille, la même passion qui les anime.
En faisant parler le cœur, les anciens chefs de corps ont mis à jour une autre évidence, une autre permanence qui, elle aussi, a traversé les générations : le régiment cultive et se nourrit d’un esprit de famille puissant et qui ne trouve nulle part ailleurs son égal. Car le « 8 » est avant tout une grande famille dont les enfants, s’ils proviennent d’horizons et d’origines différents, ont pour point commun de se donner corps et âmes pour le succès des armes de la Chimère. Mais cet esprit de famille ne se contente pas de vivre au travers des paras qu’ils soient d’active, de réserve ou encore des Anciens de notre belle Amicale. Il s’étend bien au-delà des limites convenues, regroupant sous son aile enfants, épouses, conjoints et tous ceux qui travaillent de près ou de loin avec le régiment formant une véritable « communauté 8Para » où s’expriment pleinement la solidarité, l’entraide et la cohésion.
Comme toute grande famille soudée et dont le mode d’emploi n’entre pas dans la boite, le « 8 » peut gêner et déranger. Aux yeux du visiteur pétri de certitudes, ce maul surprend toujours et peut d’ailleurs passer pour un entre soi exclusif dans lequel le passant n’est pas le bienvenu. A l’inverse, celui qui ne s’arrête pas aux apparences, est frappé par l’ouverture d’esprit et la formidable capacité à intégrer qui caractérisent depuis toujours la grande famille des Volontaires. Parmi ceux-là, rares sont ceux qui ne trouvent pas de place dans la mêlée, ajoutant leur singularité à ce tout, homogène uniquement en apparence, intégrateur dans tous les cas.
Personnellement, après quatre passages aussi intenses qu’exaltants au régiment, je remercie ceux de mes chefs, mes pairs et aussi de mes hommes qui, en me marquant au fer rouge, m’ont aidé à devenir un enfant du « 8 ». L’amitié et le profond respect qui nous unissent, forgés dans la sueur et les épreuves, ont dépassé les frontières artificielles de la hiérarchie militaire, faisant à jamais de nous des frères d’armes.
Je garde aussi précieusement en mémoire les enfants que j’ai accompagnés à mon tour pour qu’ils grandissent de la plus belle manière qui soit. Les marsouins parachutistes de Bleu 2, puis Noir 2 sont devenus des soldats magnifiques, des hommes intègres, autant qu’un voleur de poule s’autorise à l’être, et des chefs inspirants. Vingt ans plus tard, je les regarde avec beaucoup de fierté et d’admiration, transmettre à leur tour l’Esprit du « 8 » avec leurs tripes et leur cœur pour que notre grande famille et son esprit guerrier vivent éternellement.
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